La raréfaction des ressources se profile à l’horizon

Alors que la crise climatique fait l’objet d’intenses discussions, la rareté des ressources passe inaperçue. Néanmoins, elle aura un impact tout aussi fort sur notre avenir. Giovanni Crupi, président central de Swiss Engineering, souligne les liens entre la crise climatique et la raréfaction des ressources. Il appelle à une coopération plus étroite entre les associations, la science, l’économie et la politique.

Les matières premières telles que les terres rares, le cobalt, le magnésium ou le lithium sont d’une grande importance. De nos jours, presque toutes les matières premières du tableau périodique sont utilisées dans la production industrielle. Mais ce qui est alarmant, c’est que beaucoup de ces matières premières sont gravement menacées. Selon les dernières découvertes, certains d’entre elles pourraient être épuisées en moins de 100 ans. Le lithium en particulier, un matériau essentiel pour les batteries, va prendre de plus en plus d’importance dans les années à venir. Il sera crucial de réduire la dépendance vis-à-vis des pays politiquement critiques dans la chaîne d’approvisionnement et de promouvoir le recyclage et la recherche de matériaux alternatifs.

La Suisse est un pays aux ressources naturelles limitées, c’est pourquoi l’économie circulaire est d’une grande importance. Le recyclage, l’upcycling et le downcycling sont des concepts fondamentaux dans ce contexte : le recyclage fait référence au processus de recyclage des matériaux, l’upcycling fait référence à la transformation des déchets en produits de plus grande valeur et le downcycling fait référence à l’utilisation de déchets comme matières premières de faible valeur.

Afin de réduire la dépendance à l’égard des matières premières importées et de minimiser l’impact environnemental, des pratiques respectueuses de l’environnement telles que le recyclage et l’upcycling sont nécessaires. Un aspect important de l’économie circulaire est la lutte contre la société du jetable. L’upcycling et le recyclage ont du sens si les produits ont également une longue durée de vie après leur fabrication et ne sont pas jetés prématurément.

Les entreprises engagées dans la transition vers une économie circulaire voient ce changement comme une opportunité plutôt que comme un risque. Dans le secteur de la construction, la demande de matériaux est particulièrement élevée et doublera d’ici 2060. De nouveaux matériaux de construction circulaires et des technologies innovantes peuvent contribuer à préserver les ressources et à réduire l’empreinte CO2. Des produits en béton recyclable et en matériaux d’isolation recyclables sont déjà utilisés aujourd’hui. Ils répondent à toutes les normes de qualité. En termes de performances, ils n’ont rien à envier aux produits conventionnels.

Selon l’état actuel des connaissances, les batteries sodium-ion ont un potentiel pour une densité énergétique maximale d’environ 500 wattheures par litre de volume. En comparaison, ce potentiel pour les batteries lithium-ion est d’un maximum de 1000 wattheures par litre de volume. Cependant, le sodium est beaucoup plus disponible en tant que matière première que le lithium. Cela rend la nouvelle technologie des batteries sodium-ion extrêmement prometteuse pour les véhicules électriques, par exemple. Avec d’autres recherches, il sera également possible de les utiliser dans les véhicules à l’avenir.

Compte tenu de l’insuffisance des ressources naturelles, la Suisse doit se concentrer davantage sur des pratiques respectueuses de l’environnement telles que le recyclage et l’upcycling. Il est temps d’améliorer les conditions-cadres pour des pratiques durables. En fin de compte, il est de la responsabilité de chacun de faire des choix conscients et d’utiliser les produits le plus longtemps possible.

Giovanni Crupi souligne l’importance de la coopération entre des associations telles que Swiss Engineering, l’Académie suisse des sciences techniques, l’Empa et Swissmem. Les approches interdisciplinaires et l’implication d’ingénieurs de différentes disciplines sont d’une importance capitale. L’association professionnelle des ingénieur·es initiera des mesures concrètes et des ateliers pour développer et mettre en œuvre des solutions.